Chapitre I – L’observation
La première chose à faire, que l’on soit expert ou amateur, est l’observation attentive de la météorite.
Matériel : Vos yeux, une loupe, ou un microscope si vous en avez un.
Ce que l’on cherche : les premiers signes indicateurs permettant de dterminer si vous avez à faire ou non à une météorite. Voici plusieurs points à examiner :
1) Les circonstances de découverte
- Est-ce une chute observée ?
Une chute est dite « observée » (« fall » en anglais) lorsqu’on est témoin d’un bolide traversant le ciel. Un bolide est de la matière extraterrestre traversant l’atmosphère à une grande vitesse. Les frottements de l’air sur l’objet dégagent une forte chaleur, donc une lumière vive, et peut produire des effets sonores retentissant comme le tonnerre. Une fois que le bolide touche terre, on parle de météorite.
Dans ce cas-là, vous pouvez avertir des organismes comme FRIPON, qui pourront vous aider à localiser la météorite grâce à votre témoignage, ou partir vous-même à la recherche de la météorite.
- Est-ce une trouvaille ?
Une trouvaille (« find » en anglais) est la découverte d’une météorite au sol, que vous la découvriez par hasard ou que cela soit le fruit de vos recherches. Plus spécifiquement, une trouvaille concerne une météorite dont la chute n’a pas été observée. Il faut bien observer la scène de découverte. Prenez des notes précises sur votre localisation (données GPS, qui peuvent être données par votre smartphone), l’heure, et vos observations. Capturer le moment avec des photos avant de toucher la météorite : il est important de garder en mémoire sa disposition exacte (à moitié enfouie, sur le sol, contre un trottoir, ou autre). Puis, vous pouvez la recueillir, l’emballer dans de l’aluminium et la mettre dans un sac pour la protéger. Pour plusieurs d’astuces, voir le Chapitre VI.
- Est-ce un achat ?
L’achat à un marchand est probablement la façon la plus simple et rapide d’acquérir une météorite. Il faut savoir que tous les marchands ne sont pas des chasseurs de météorites. Mais certains – ils sont rares ! – sont des professionnels de terrain. C’est le cas de Luc Labenne, qui se rend lors d’expéditions annuelles dans des déserts (Atacama, Sahara, etc). Les marchands sont donc normalement bien renseignés sur leurs météorites, mais les experts en la matière (qui proposent uniquement des météorites) sont peu courants. Ce sont pourtant ces derniers qui sont les interlocuteurs les plus sûrs pour une acquisition. Nos conseils pour l’achat sont les suivants : faire quelques recherches sur l’expert, pour vérifier son expérience et son sérieux. S’il travaille depuis longtemps dans ce domaine, et en association avec des musées, laboratoires, et organisations professionnelles, vous pouvez avoir toute confiance.
2) Observation de la météorite
L’observation visuelle est le premier test. Il est très facile de se tromper, et de prendre une roche terrestre pour de la matière extraterrestre. L’imaginaire collectif donne une image bien précise des météorites : soit rondes et lisses (sous entendant un aérodynamisme certain), soit d’aspect particulièrement torturé et métallique. Il faut donc se méfier des images préconçues, et se faire l’œil avec des pièces officielles que vous trouverez soit en allant dans des musées, soit en photographie sur des sites internet de référence.
La croûte de fusion
Une météorite se distinguera bien souvent d’une roche terrestre par sa croûte de fusion. Une croûte de fusion est une mince couche (de l’ordre du millimètre) recouvrant la surface de la météorite. Elle est le premier indicateur pour reconnaître une météorite. Elle est le résultat de ce moment tumultueux qu’est l’entrée dans l’atmosphère, où le bolide est chauffé à de très hautes températures à cause des frottements et de la compression de l’air.
Même si elle n’est pas systématiquement présente (c’est le cas pour celles ensevelies ou tombées depuis longtemps), elle est toutefois un indicateur sûr sur la nature de la météorite. La croûte a une couleur qui peut aller du brun sombre au noir. Elle peut être mat, ou lisse et brillante pour certaines météorites. L’aspect de la croûte de fusion dépend de leurs compositions.
Les regmaglyptes et lignes de fuites
La surface de la météorite peut être littéralement « sculptée » lors de sa traversée de notre atmosphère. Des formes particulières s’appelant des regmaglyptes (piezoglypte), ou « empreintes de pouce » apparaissent lorsque la surface en fusion de la météorite subi l’action des turbulences de l’air, et la creuse. Les météorites couvertes de regmaglyptes sont recherchées pour leur esthétique très particulière.
Les lignes de fuites correspondent à des écoulements de la surface de la météorite en fusion, dirigés par le sens de la chute. Tout comme les regmaglyptes, les lignes de fuites sont recherchées pour les effets esthétiques qu’elles apportent aux météorites qui en sont ornées. Des météorites dîtes orientées (très recherchées par les collectionneurs) présentent des lignes de fuite indiquant le sens de leur chute. La photographie illustrant est assez parlante.
Quelle est sa forme générale ?
Une météorite dont la chute est récente n’aura pas de bords bien définis et droits dans la plupart des cas. Parfois, elles peuvent prendre la forme d’un bouclier. Cela n’exclut pas le fait que la météorite ait pu se briser, dans ce cas-là vous trouverez des bouts plus anguleux.